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Comment je compte accomplir le projet.

Des milliers de jeunes filles malgaches deviennent mères avant d'atteindre l'âge de la majorité, abandonnées par le père de l'enfant. Beaucoup d'entre elles tombent enceintes à cause de violences sexistes ou de l'exploitation sexuelle. Ce phénomène, aggravé par la pauvreté et le manque d'éducation, découle de pratiques traditionnelles telles que le « valifofo » (mariage forcé des enfants). Selon l'institut national des statistiques (INSTAT), 31% des femmes âgées de 15 à 19 ans ont déjà commencé à avoir des enfants.

A Madagascar, l'avortement est interdit par la loi, ce qui contraint de nombreuses jeunes filles à mener à terme des grossesses non désirées, même celles résultant d'un inceste ou d'un viol. Aucune allocation familiale n'a été mise en place, laissant ces jeunes mères livrées à elles-mêmes.

Les conséquences à long terme pour elles et leurs enfants non désirés restent largement ignorées. Il est essentiel d'attirer l'attention sur leur situation, dans l'espoir que des mesures concrètes soient mises en œuvre pour les soutenir et encourager un changement de comportement dans une société où les femmes vivent sous la domination traditionnelle de l'homme.

J'ai utilisé des photos d'archives que j'avais prises lors de précédentes missions, quand j'ai rencontré ces jeunes filles pour la première fois. À l'époque, l'idée d'explorer ce projet photographique n'avait pas encore émergé. Ce n'est qu'en 2024 que j'ai eu le déclic.

Mon objectif est de documenter toutes les régions de Madagascar et, dans la mesure du possible, de retrouver ces jeunes filles. Je souhaite recueillir les témoignages de jeunes mères, retracer leurs parcours, et exposer les défis qu'elles affrontent au quotidien. En parallèle, j'examinerai les actions menées par les ONG et les activistes engagés dans la défense des droits des femmes : où en sont ces efforts aujourd'hui ? Je compte sur des collaborations fructueuses avec des spécialistes et sur l'instauration d'un climat de confiance avec les victimes. Je voyagerai en avion ou en voiture de location, selon les lieux. Un médiateur local sera également indispensable pour faciliter les échanges lors de mes déplacements.

Avec une solide expérience dans le domaine, j’ai eu l’honneur de participer à des expositions internationales, notamment au Kenya en 2013, à Paris en 2014 et à Arles en 2023. J’ai également été récompensé par des distinctions, dont le premier prix du concours « Photography4Humanity » organisé par les Nations-Unis. Ces réalisations témoignent de ma capacité à captiver un public mondial et à utiliser la photographie comme un outil puissant pour défendre des causes sociales.

En partageant les réalités de Madagascar à travers mes images, je vise non seulement à sensibiliser, mais aussi à influencer les décisions pour promouvoir l’égalité et les droits des femmes et des filles malgaches. Mon projet ne se limite pas à raconter une histoire, il aspire à provoquer un changement concret.

Ce projet photographique vise à mettre en lumière les filles-mères victimes de l'oppression masculine et du poids des traditions, une violence qui les brise de l'intérieur et affecte leur vie. En sensibilisant la société, j'espère qu'elle réalisera que derrière ces filles se cachent d'innombrables enfants - l'avenir du pays - qui n'auront peut-être jamais la chance de recevoir une éducation adéquate. C'est un cercle vicieux qui entretient la pauvreté et qui doit être brisé. C'est un combat pour que les filles aient le contrôle de leur corps et le droit de choisir leur destin - c'est le combat de toutes les femmes.

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